Lors d’un entretien accordé au journal L’équipe, le directeur du rugby de Montpellier et ancien sélectionneur du XV de France, Philippe Saint-André s’est confié au sujet des tensions qui persistent entre la Fédération Française de Rugby et la Ligue Nationale de Rugby au sujet du calendrier international de cet automne.
Philippe Saint-André explique comprendre que la FFR souhaite qu’un maximum de matches des Bleus puissent être organisés cet automne. Mais il rappelle que les clubs du Top 14 sont également dans une situation extrêmement délicate et ne peuvent pas dire “oui” à tout. Extrait:
“Je pense qu’il y a eu une prise de conscience de la part des clubs pour aider l’équipe de France. Mais étant donné le contexte lié au Covid-19, l’idée de passer en force pour les six tests à l’automne, sans harmonie ni entente préalable, n’est pas la bienvenue. Je comprends le besoin de jouer, le besoin d’argent, j’ai vu que le président de la FFR Bernard Laporte réclamait une jauge de 55 000 au stade de France pour les deux premiers matches des Bleus fin octobre… Mais c’est vrai aussi que les clubs n’ont pas eu leurs internationaux pendant six mois, qu’ils vont donc repartir pour sept semaines, ça ressemble à une double peine. J’ai vu que Raphaël Ibanez avait mis un peu d’eau dans son vin, Bernard aussi. Mais c’est toute la problématique du rugby français, avec un calendrier surchargé.”
Dans la foulée, Philippe Saint-André rappelle à Fabien Galthié que jamais aucun sélectionneur de l’équipe de France n’a bénéficié de conditions de travail si privilégiées avec notamment la possibilité de retenir 42 joueurs pour préparer les matches internationaux. Extrait:
“Après, il y a eu une entente cordiale la saison passée, mais les ententes cordiales ne durent pas toujours. Fabien Galthié a désormais plus ou moins son groupe de joueurs, il a envie de jouer le plus possible pour être le plus compétitif possible à la Coupe du monde 2023. Chaque
sélectionneur est passé par là. Mais les autres sélectionneurs n’ont pas eu les conditions que Fabien a eues. C’est inédit dans l’histoire de l’équipe de France : il a eu 42 joueurs à sa disposition, disponibles huit à dix jours avant le Tournoi, avec des mecs qui ne rentraient même pas chez eux lors des faux doublons. Je pense à un garçon comme Gabriel Ngandebe qui a été à sa disposition durant six semaines et qui n’a pas joué un seul match pendant le Tournoi. Après, je me répète, la période est difficile, sans rentrée d’argent, avec une jauge à 5000 spectateurs, et c’est peut-être le meilleur moment de prôner l’apaisement, plutôt que d’engager le combat. Cela ne profitera de toutes façons ni à l’équipe de France, ni aux clubs, ni au rugby en général.”