Dans sa chronique sur Rugbyrama, le consultant rugby Jean-Baptiste Lafond s’est confié au sujet du professionnalisme du rugby et sur l’après carrière des joueurs.
Ce-dernier a pris l’exemple du Fidjien Semi Radradra qui, après une saison passée au Rugby Club Toulonnais et un an et demi passé à Bordeaux-Bègles décide de quitter la France pour aller à Bristol, en Angleterre.
Jean-Baptiste Lafond ne manque pas de traiter Semi Radradra de connard avant de comprendre finalement que le professionnalisme a changé les joueurs et le rugby en général. Extrait:
“J’ai discuté avec mon fils Baptiste du cas Radradra et on n’est pas d’accord. Semi Radradra vient de Toulon et il a été repéré par Mourad Boudjellal. Il reste un an à Toulon puis il se barre de Toulon. C’est rare de se barrer de Toulon en pleine possession de ses moyens. Puis il va à Bordeaux. C’est l’icone que l’on attendait, la pièce maîtresse : on va construire à partir de lui, on va essayer de gagner un titre. Bordeaux, c’est fabuleux : il y a un président hyper-dynamique, un entraîneur charismatique, un stade avec 30 000 personnes. Et crack : Radradra se barre à Bristol ! C’est le seul Fidjien qui aime la pluie ! J’ai dis à Baptiste mon fils : c’est vraiment un connard car il n’y a plus de maillot… Il avait l’occasion de ramener un titre à Bordeaux, de faire son trou à Bordeaux et de faire une partie de sa carrière à Bordeaux. Au final il fait un an à Toulon puis un an et demi à Bordeaux… Je n’ai pas été éduqué comme cela ! Mon fils me dit que c’est ça le professionnalisme. Et en fait il a raison. Je ne suis qu’un vieux crabe, une vieille carne ! J’ai vu qu’il y avait un décalage entre le monde d’avant et le monde d’aujourd’hui où le professionnel est souvent un mercenaire par obligation et professionnalisme. J’ai pris un grand coup dans la gueule. Je comprends les Fidjiens et les Tongiens… ils ne pensent qu’à une seule chose : amasser un petit pactole et se barrer dès qu’ils peuvent pour pouvoir vivre pénard jusqu’à la fin de leurs jours, souvent dans leurs îles ou en Afrique du Sud. La vie là-bas ne coûte rien. Le Français est défavorisé car il se retrouve à 32 ou 33 ans en fin de carrière avec un petit pécule et avec un coût de la vie extrêmement élevé par rapport aux joueurs avec qui il a joué mais qui se sont barrés. La situation n’est donc pas terrible pour les Français et il faut s’en préoccuper. Les centres de formation sont des centres de formation de rugby et pas des centres de formation de la vie. Ils sont complètement coupés du monde, ce sont des enfants à 20 ans et ça reste des gamins à la fin de leur carrière. Donc travaillez, anticipez et imaginez pour vous projeter vers l’après carrière car ça arrive très très vite.”